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D'après le livre de Vincent Huyghues-Belrose, le Domaine de Tivoli, le milieu social de la famille Boye (ou Boyé) serait celui "de la classe commerçante mulâtre de Fort-de-France." Ils viendraient de la commune du Lamentin.

L'ascendance Boye que je vous propose ci-dessous, s'arrête au début du XIXe siècle avec les naissances de Jean-Pierre Boye et de Rosy dite Antoinette.
Avec le temps, j'espère pouvoir continuer cette ascendance et découvrir le berceau de cette famille.

Genération 5   ? Hélène
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Genération 4   Jean Pierre
BOYE
Rosy dite Antoinette
VALERE
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Genération 3   Jean Alexandre
BOYE
Marie Julie Camille
dite Eudora
IHLER de St HILAIRE
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Genération 2 Henri
JAMARD
Marie Calixte Suzanne
BOYE
 
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Genération 1 Yves
JAMARD

 

 

 

Marie Calixte Suzanne BOYE --- Jean Alexandre BOYE
--- "Eudora" IHLER de St H.

 


Mariage de Jean Alexandre BOYE et
Marie Julie Camille "Eudora" IHLER de St HILAIRE

1-12-1875 Fort-de-France

De cet acte, il ressort :

  • la date de naissance de Jean Alexandre à Fort-Royal en 1832. Il est dit "fils naturel reconnu du Sieur Jean Pierre Boye et de la Demoiselle Rosy Valère dénommée Antoinette".
  • la date du décès de Jean Pierre Boye en 1862 et celle de Rosy Valère, en 1852, tous deux à Fort-de-France.
  • la date de naissance de Marie Julie Camille Ihler de St Hilaire en 1850, à Fort-de-France. Elle est dite "fille légitime du Sieur Ihler de St Hilaire (Adrien) et de la dame Louise Amante", "ici présents et consentants", donc non décédés au moment du mariage.
  • Un des témoins au mariage, Charles Joseph Norindall St Jacques est cité comme beau-frère de l'épouse.
  • Un contrat de mariage a été établi.

Ces éléments généalogiques vont me permettre de poursuivre mes recherches. Cependant je suis surpris de constater que Jean Alexandre est un enfant naturel reconnu et que Rosy Valère est dite "Demoiselle" tandis que Louise Claire est dite "Dame".
Jean Pierre Boye et Rosy Valère ne sont-ils pas mariés ? Quand Jean Alexandre a-t-il été reconnu ?
Espérons que l'acte de naissance de Jean Alexandre nous apportera quelques explications.

 

 

Acte de mariage de Jean Alexandre Boye et
Marie Julie Camille Ihler de St Hilaire

voir l'acte

     L’an mil huit cent soixante quinze, le premier décembre à cinq heures et demie du soir. [...] Sont comparus en notre Maison commune le Sieur Jean Alexandre Boye, âgé de quarante trois ans, propriétaire et commerçant, domicilié à fort de France, né en la dite commune, le onze octobre mil huit cent trente deux, appert son acte de naissance dressé en notre état civil, le douze novembre suivant, n° 689, majeur, fils naturel reconnu du Sieur Jean Pierre Boye, décédé à Fort de France le dix octobre mil huit cent soixante deux, acte du même jour, n° 1254, et de la demoiselle Rosy Valère, surnommée Antoinette, aussi décédée à fort de France le treize août mil huit cent cinquante deux, acte du quatorze août, n° 914, d’une part ; Et la demoiselle Marie Julie Camille Ihler de St Hilaire, appelée en famille Eudora, âgée de vingt cinq ans, sans profession, domiciliée à Fort de France, née en la dite commune le dix juin mil huit cent cinquante, appert son acte de naissance dressé en notre état civil le vingt neuf du même mois, n° 457, majeure, fille légitime du Sieur Ihler de St Hilaire (Adrien) et de la dame Louise Amante, propriétaires, domiciliés à fort de France, ici présents et consentants au présent mariage, d’autre part. [...] Faisant droit à leur réquisition, nous leur avons d’abord demandé, ainsi qu’au père et à la mère de la future épouse, s’il a été fait un contrat de mariage entre eux, ils nous ont répondu affirmativement et nous ont fait la remise d’un certificat qui leur a été délivré par Maître Gustave Peux, notaire en cette ville, qui constate qu’il a reçu leur contrat de mariage ; [...] Nous avons enfin demandé au futur époux et à la future épouse, l’un après l’autre, s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, avons déclaré, au nom de la loi, que le Sieur Jean Alexandre Boye et la demoiselle Marie Julie Camille Ihler de St Hilaire, en famille Eudora, sont unis par le mariage. De quoi avons dressé acte en présence des Sieurs Pierre Emile, âgé de quarante six ans, propriétaire, Darius Sévère, âgé de quarante neuf ans, négociant et propriétaire, Louis Blanc, âgé de cinquante cinq ans, marchand tailleur et propriétaire, tous les trois n’étant ni parents ni alliés des époux, domiciliés à Fort de France, et Charles Joseph Norrindall St Jacques, âgé de vingt neuf ans, employé au trésor colonial, domicilié en cette ville, beau-frère de l’épouse. Et ont l’époux, l’épouse, les père et mère de l’épouse et les témoins, signé avec nous après lecture faite, la mère de l’époux, invitée à signer, a dit ne le savoir.

 

 

Marie Calixte Suzanne BOYE --- Jean Alexandre BOYE
--- "Eudora" IHLER de St H.


Naissance de Jean Alexandre BOYE
11-10-1832 Fort-Royal

Il naît le 11 octobre 1832 à Fort-Royal.

Fort-Royal :
"Avant de prendre définitivement le nom de Fort-de-France, l'actuel chef-lieu de la Martinique ne cessa d'en changer. La ville, appelée Fort-Royal jusqu'en 1793, fut rebaptisée République Ville ou Fort de la République de février 1793 à mars 1794, puis à nouveau Fort-Royal jusqu'en 1802. Nommée Fort-de-France de 1802 à 1809, elle redevint Fort-Royal jusqu'en 1848, date à laquelle le nom se fixa en Fort-de-France."
source: Petit historique de Fort de France.

La déclaration de sa naissance est enregistrée un mois plus tard, le douze novembre.

Son père n'est pas cité et Jean Alexandre est juste présenté comme étant le fils de Demoiselle Rosy dite Antoinette. Il ne porte d'ailleurs pas de nom de famille au moment de la déclaration. Ceci confirme bien qu'il a dû être reconnu par Jean Pierre Boye à une date ultérieure.
Par ailleurs, Rosy ne porte pas le nom de "Valère" par lequel elle est dénommée au moment du mariage de Jean Alexandre : un unique prénom suffit à la nommer !

C'est ainsi qu'une première hypothèse commençait à germer : Rosy était elle esclave ? Les actes d'état civil regorgent en effet de naissances d'enfants naturels, non nommés et ils regorgent également, surtout à cette période, d'actes d'affranchissement et d'actes de reconnaissance postérieure d'enfants.
De même, on peut constater que la déclaration de l'enfant est faite en présence de Jean Pierre Boye, âgé de 34 ans. Qui est-il exactement ? Esclave lui aussi, préalablement affranchi ? Est-il un "libre de couleur" ou un colon ?

J'ai donc cherché à en savoir un peu plus sur cette Rosy dite "Antoinette". L'acte de naissance de Jean Alexandre la donne âgée de 27 ans, couturière, et domiciliée 23, rue Sainte-Elisabeth à Fort-Royal.

rue Sainte-Elisabeth :
Dénommée ainsi au 19e siècle, elle devient par la suite la rue Perrinon.
"En 1881, la rue voit s’ouvrir la 1ère école laïque de Fort-de-France. Les jolis balcons en fer forgé des maisons rappellent la fonction résidentielle du centre ville d’antan."

cliquer sur l'image pour l'agrandir

 

 

 

 

 

 

 

 

acte de naissance Jean Alexandre BOYE
voir l'acte

L’an mil huit cent trente deux le douzième jour du mois de novembre [...] est comparue la Demoiselle Rosy dite Antoinette, âgée de vingt sept ans, couturière, demeurant en cette ville du Fort Royal, rue Sainte-Elisabeth, maison sous le numéro vingt trois, laquelle nous a présenté un enfant du sexe masculin qu’elle déclare être né d’elle, en sa demeure susdite le onze du mois d’octobre dernier à sept heures du matin, auquel enfant elle déclare vouloir donner les noms de Jean Alexandre. Les dites déclaration et présentation faites en présence de Monsieur Jean Pierre Boye, âgé de trente quatre ans, maçon, [...]

 

 


Décès de Jean Alexandre BOYE
3-11-1895 Saint-Pierre

Comme l'avait stipulé Eudora dans son dossier de secours, c'est bien en 1895, dans la maison coloniale de santé que décède Jean Alexandre Boye.

Son acte de décès le donne alors âgé de 63 ans, soit né vers 1832 à Fort-Royal.


Sa femme, Eudora, est toujours vivante et réside à Haïti.

Enfin, les noms de ses parents nous sont donnés : il s'agit du Sieur Jean Pierre Boye et de Dame Rosy Valère surnommée Antoinette.

 

 

Acte de décès de Jean Alexandre Boye
voir l'acte

[...] Sont comparus sieur Rufin Valdor, âgé de trente quatre ans, et sieur Joseph Francins, âgé de trente trois ans, tous deux infirmiers à la Maison Coloniale de santé de cette ville, y domiciliés. Lesquels nous ont déclaré que hier à cinq heures quinze minutes du soir, en une maison sise en cette ville, rue Levassor, Fort, est décédé ainsi que nous nous en sommes assuré, sieur Boye (Jean Alexandre), sans profession, âgé de soixante trois ans, né et domicilié à Fort-de-France. Epoux de dame Marie Julie Camille Ihler de Saint Hilaire, sans profession, âgée de quarante cinq ans, actuellement en Haïti. Fils légitime de sieur Jean Pierre Boye et de dame Rosy Valère surnommée Antoinette, tous deux décédés.

 

 

Marie Calixte Suzanne BOYE --- Jean Alexandre BOYE --- Jean Pierre BOYE
--- Rosy dite Antoinette
--- "Eudora" IHLER de St H.    
 

 

Affranchissement de Rosy dite Antoinette
2-1-1832 Fort-Royal

En remontant le temps, j'ai ainsi découvert l'acte d'affranchissement de Rosy dite Antoinette. L'acte date du deux janvier 1832 et sera inscrit dans les registres d'état civil de Fort-Royal, 8 jours plus tard.


C'est Jean Pierre Boye qui fait la demande d'affranchissement. La même question subsiste : qui est-il vis-à-vis de Rosy ?
En même temps que Rosy, ses quatre enfants sont affranchis :
  • Charles Ernest, 7 ans
  • Marie Héloïse, 6 ans
  • Joseph, 3 ans
  • Paul, 1 an
Pour mémoire, Jean Alexandre n'est pas encore né à cette époque. Il naîtra 9 mois plus tard ... donc "libre".
Ces quatre enfants sont dits "porteurs d'une liberté étrangère", c'est-à-dire une liberté achetée à l'étranger pour contourner la législation.

"liberté étrangère"
Les "libertés étrangères" étaient obtenues en envoyant l'escalve dans un pays étranger quand le maître ne pouvait obtenir l'affranchissement en Martinique (du fait de tracasseries administatives, de la limitation du nombre d'affranchissements imposée par les pouvoirs publics ou par le fait d'oppositions d'autres particuliers revendiquant des droits sur cet(te) esclave). La liberté était ainsi réputée "de fait" même si elle n'avait pas de valeur juridique.
extrait de "Les noms de famille de la population martiniquaise d'ascendance servile" par Guillaume Durand



Affranchissement de Rosy dite Antoinette
et de ses 4 enfants

voir l'acte

L’an mil huit cent trente deux le dixième jour du mois de janvier à neuf heures du matin, nous, officier de l’état civil de la paroisse de Fort-Royal soussigné, avons reçu l’acte d’affranchissement dont la teneur suit :
Martinique : Fort-Royal, le deux janvier mil huit cent trente deux. Au nom du Roi : nous, gouverneur de la Martinique : vu la demande présentée par le Sieur Jean Pierre Boye, demeurant au Fort-Royal, à l’effet d’obtenir l’affranchissement de Rosy dite Antoinette, âgée de vingt sept ans, et celui de ses quatre enfants, savoir Charles Ernest, âgé de sept ans, Marie Héloïse, âgée de six ans, Joseph, âgé de trois ans et Paul, âgé de un an, porteurs d’une liberté étrangère, vu les renseignements favorables fournis sur la dite Rosy Antoinette, vu l’article cent trente de l’ordonnance du neuf février, vu notre arrêté en date du trois décembre mil huit cent trente et un, sur la proposition du procureur général du Roi, en vertu des pouvoirs qui nous ont été délégués par sa majesté, avons homologué le dit acte d’affranchissement pour avoir son plein et entier effet. En conséquence, déclarons Rosy Antoinette ainsi que ses quatre enfants affranchis de toute servitude pour par eux jouir de ce jour et à l’avenir de la liberté, de la manière et ainsi qu’en usent les autres libres et affranchis de cette île, leur reconnaissons un dévouement sans borne à la colonie. Seront les présentations notées sur les registres de l’état civil de Fort-Royal, au greffe du tribunal de première instance de Fort-Royal, insérées par extrait au Bulletin des actes administratifs de la colonie, et copie ampliative d’icelle délivrée à Rosy Antoinette sur notre propre signature. Donné au Fort-Royal, Martinique, le deux janvier 1832. Le contre amiral Gouverneur.

 

 


Avant d'aller plus loin, il me semble nécessaire de poser quelques repères sur les termes employés et les conditions d'affranchissement de l'époque.

 

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